Le serment de souveraineté

Début

Gwaen ne s'arrêta que devant l'estrade, et le trône. Elle attendit plusieurs secondes pour laisser le temps aux deux elfes de rependre leurs esprits.

Le hasard de mes pensées a mené mes pas sur la Place. C'est en posant simplement le pied sur cette première marche que le Palais a retrouvé toute sa beauté d'autrefois. C'est en m'approchant de ce que je pensais n'être qu'un tas de poussière que ce trône s'est formé. Dessus est apparut un diadème. C'est en m'appuyant sur l'accoudoir de ce trône que mes vêtements ont laissés place à cette robe. Je n'eut que le temps de frôler le diadème qu'il s'est placé de lui-même sur mon front. C'est à ce moment précis que j'ai su pour Artorus.

La jeune princesse, toujours dos à ses amies, marqua une pose.

Cette Cité a d'immense pouvoir et nous n'en connaissons rien encore. Je pense que nous ne pouvons imaginer ce que nous deviendrons en vivant ici, mais il est certain que nous n'aurions jamais pu penser un seul instant que nous verrions nos capacités décuplées de la sorte.
En venant ici, je n'imaginais pas le poids que j'allais devoir porter. J'ignore encore si je saurais être digne de mon sang. Ce Palais m'a fait un don extrêmement précieux. Il a fait pousser dans mes cheveux des fleurs que l'on nomme chez les humains de perce-neige. Ces fleurs sont le symbole de la renaissance et de l'espoir.
Ainsi, je ne peux prévoir l'avenir, mais tout ce que je sais, c'est que je souhaite être digne de l'honneur qui m'est donné de rendre sa vie à ce lieu enchanté. Je souhaite être digne du sang versé par les derniers elfes restés pour la défendre et qui ont péris sur le pas même de la porte de cette salle.
Il se passera encore bien des choses étranges. Nous allons être amenées à changer. Mais quoi qu'il arrive, nous ne devrons pas oublier qui nous sommes et pourquoi nous sommes ici car c'est la chose la plus importante qui doit être à nos yeux.

La douce princesse se retourna enfin.

Si nous sommes arrivées ici les premières et sommes restées seules jusqu'à maintenant, je pense qu'il y a une raison. Nous devons êtres les gardiennes de cette pensée, cette renaissance, cet espoir, et la propager aux nôtres. Je ne pourrais accomplir cette tâche seule.

Gwaen posa sa main sur son coeur.

En ce lieu, je jure fidélité à cette Cité et à mon peuple. Je lui jure de le servir avec honneur et espoir et de lui rendre sa gloire passée. Je jure d'être respectueuse de sa parole et d'être la plus transparente possible à travers mes mots.

Son coeur battait la chamade. Elle faisait ici son serment de souveraine. Est-ce son diadème qui lui donnait autant de courage ?
Qu'importe. Elle espérait juste que son discours est donné foi en elle à ses deux amies et qu'elles trouveraient ainsi la force et la patience de trouver les réponses à leurs questions.

Gwaen les avaient amenées jusque là, cette salle immense et magnifique. Calaelen su de suite, c'était la salle du trône. Elle en avait déjà vu bien sûre, mais celle-là était de loin la plus belle, la plus immense, la plus magique de toutes celles qu'elle avait vu. Elle comprit alors ce qui avait changé Gwaen, ses ancêtres lui avaient parfois parlé du passage de civil à prince ou princesse.
Elle écouta paisiblement le discours de Gwaen, puis son serment. Cela signifiait beaucoup pour Calaelen, pour qui le monde elfique et l'histoire de son peuple étaient importants. Elle connaissait tout ça, bien plus encore. Elle repensa à son frère et décida de suivre son chemin, posant une main sur son cœur et s'agenouillant auprès de la princesse :


Moi, Calaelen, je jure solennellement fidélité et respect à ma souveraine, Gwaen. Je lui offre également mes services de guerrière, si une guerre est déclarée, j'irais me battre jusqu'à se que mon sang coule et que ma vie m'échappe.


Après avoir fait son serment et fermé les yeux un instant, Calaelen se releva. Son serment à elle n'était pas encore valable, elle devait le répété devant son dieux durant une cérémonie officielle.


Gwaen, on pourrait peut-être entreprendre la construction d'un lieu de culte après la rénovation de la bibliothèque tu ne crois pas ? Je pense que ce serait bénéfique à la cité, mais il y a peut-être d'autre choses que tu veux faire passer avant ?


La jeune elfe ne savait pas trop si elle aurait du attendre avant de faire sa proposition. Mais peut-être que le temps était venu de la faire, sa proposition, car sa tristesse était trop grande et elle n'avait encore pu se recueillir. Une larme, une unique larme coula sur la joue de la jeune elfe, le décès de son frère était trop récent encore.

Voyant la jeune elfe s'agenouiller devant elle, Gwaen se sentit gênée. Elle n'avait pas pensée à cette réaction. Puis, Calaelen émit le souhait de pouvoir se recueillir dans un lieu propice.

La princesse sourit.

Il y en a un sur la Grand Place. Prise dans mon élan, je ne me suis pas arrêtée. J'ai pensé à toi lorsque je l'ai trouvé et au fait qu'il serait la prochaine étape de nos travaux.

Lorsque Gwaen annonca l'existance d'un lieu de receuillement, un réconfort s'installa dans le coeur de la jeune elfe.


Un grand merci.


Calaelen allait bientôt pouvoir faire son deuil.

Avant qu'Elwynn pu répondre, réagir, Calaelen reprit la parole :


Gwaen, permettez-moi de partir vendredi. Je souhaiterais me rendre sur le lieu de la batail, pour pouvoir chercher la bague de mon frère. Le permettez-vous ?


Calaelen venait juste de repenser à cette bague, qui dans ses souvenirs, ressemblait de près à la sienne...

Gwaen inclina la tête en signe d'accord.

Pendant que les deux elfes parlaient, Elwynn demeurait silencieuse, tête baissée. Un voile venait de se lever sur plusieurs de ses interrogations, et elle tentait de remettre toutes ces nouvelles informations bout a bout.

Elle fit quelques pas, puis soudainement tomba à genoux aux pieds de Gwaen, les larmes aux yeux.

- Tu es celle que je suis venue chercher, et je comprends désormais pourquoi j'ai tout quitté pour venir a ta rencontre. C'est un réel soulagement, car au fond de moi, un fort sentiment d'abandon envers les miens se faisait ressentir.
J'ai l'intime conviction que nous avons une grande responsabilité envers ces lieux, et je te suivrai jusqu'à mon dernier souffle afin permettre a cette magnifique cité de se reconstruire. Je te promets également ma plus profonde amitié, et saches que tu pourras toujours compter sur moi, quoi qu'il arrive... très chère souveraine.


Elwynn, toujours agenouillée, inclina la tête devant Gwaen, puis se releva pour rejoindre Calaelen.


- Je pense que nous avons énormément à apprendre de cette cité, et de nombreux voiles sont loin d'avoir été levés. Je veux en savoir plus sur le lien qui nous relie, le peuple à qui nous appartenons, autant celui qui nous a précédé, que celui qui se trouve encore ici bas. Si nous nous sommes réunis ici en si peu de temps, il est alors possible que d'autres elfes trouvent aussi le chemin qui les mènent a nous.


Ses yeux avaient séchés, laissant place à un large sourire.

Elwyn s'agenouilla à son tour et Gwaen découvrait alors l'importance qu'elle avait aux yeux de la jeune elfe et, probablement, aux yeux de son peuple. Elle devra donc porter le poids de cette image qu'elle renvoyait aux siens.

Elle s'approcha des deux elfes en leur présentant les paumes de ses mains pour les saluer amicalement.

Mes amies. Nous avons tout à apprendre encore.
Nous devons trouver les nôtres qui pourrons sans doute nous aider. La bibliothèque aussi peut nous apporter des réponses.
Je vais également entreprendre la visite de ce Palais. Je sens que je dois y trouver quelque chose.
Profitons de cette fin de nuit pour nous reposer. Une longue journée nous attend demain.